EDITO :
En ces temps printaniers, les bourgeons éclosent, l’air
frais de l’hiver s’adoucit, mais reste néanmoins assez frais pour
être respiré. Depuis début 2023, les temps sont à la lutte, la
réformes des retraites, la précarité étudiantes, les écoles d’art au
bord de la syncope, l’inflation, le rapport du GIEC, notre pays vit
Macronie dévastatrice et grandissante d’Emmanuel Macron et de son
gouvernement. Bourgeons a voulu raconter et documenter ces
luttes, comment notre jeunesse s’organise, se mobilise, aux côtés de
ses aînés et de ses camarades dans d’autres écoles d’art, de design
et d’architecture dont les établissements sont menacés par la
fermeture. Ce numéro 2 de Bourgeons ouvre le champ de vision
d’une jeunesse en souffrance, mobilisée et créatrice pour un système
plus juste où la culture serait parfois le maître-mot. Nous revenons
également sur deux workshops du deuxième semestre Transe et
Sentiments ainsi que Waou, dont les dimensions poussent
les frontières physiques du réel et de l’espace d’expo. Nous avons
également eu l’immense plaisir de recevoir le trios de musicien.nes
Néandertal Crackhead dans un entretien exclusif. Vous pourrez
lire dans ce numéro une critique cinéma du film Dest de
Chantal Akerman.
Nous vous souhaitons chèr.e lecteur.ice une très
belle lecture.
Dans un monde artistique contemporain où la question de l'interactivité entre œuvre et spectateur est au cœur des expérimentations, cette conférence s'ancre dans une démarche cherchant à trouver les porosités entre le cinéma (médium roi de notre culture de l'image) et le jeu vidéo, dont la différence flagrante se trouve précisément dans la dimension expérimentale de ce dernier.
D'autant plus qu'il est un médium qui, au-delà de se voir refuser sa légitimité artistique, a tendance à ne pas se la donner lui-même, notamment de par le traitement que la presse, même spécialisée, lui réserve, le limitant à un divertissement consumériste tout au plus.
C'est pourquoi cette conférence sera tournée vers une analyse comparative entre le jeu vidéo et le cinéma, autant parce que leurs spécificités techniques les rapprochent (dans une certaine mesure) que parce que la perception dont ils jouissent dans la société sont un bon outil pour interroger le rapport de cette dernière avec la « pop culture ».
C’est également pour cette raison que l’analyse sera centrée sur la monstration de la violence, sujet d’autant plus clivant qu’il est la raison principale pour laquelle ces médiums ont pu recevoir une visibilité (peu flatteuse) dans les médias.
Union Pragmatique est né de la volonté de mettre commun des compétences, mais aussi de croiser différentes perspectives et aspirations. Habitué à incorporer dans son travail une réflexion sur la participation du public, ainsi qu’à organiser des temps de travail avec différents publics (établissements scolaires, sociaux, médico-sociaux) le collectif a proposé - sur une invitation de Ferenc Gróf, professeur à l’École nationale supérieure d’art de Bourges - à un groupe d’étudiant.e.s de de se joindre à lui pour s’emparer collectivement du Château d’eau - Château d’art et ainsi devenir Aqua-châtelain.e.s pour le temps d’un workshop de 10 jours.
Œuvrir a été pensé non seulement comme un temps d’exposition, mais aussi comme un temps de création et de transmission. Durant le workshop le Château d’eau est devenu un point de rencontre pour Union Pragmatique et le groupe d’étudiant.es-artistes qui l’ont employé comme atelier de production en ambitionnant de faire de ce lieu habituellement réservé à l’accueil d’expositions, un espace fonctionnel passionnant, selon les mots de Gilles Ivain.
Le travail des premiers jours du workshop a consisté essentiellement à discuter, tous ensemble ou de façon individuelle, pour partager les idées apportées par chacun et chacune et cerner les enjeux des projets imaginés et à envisager ensemble les contraintes liées au lieu et à son histoire.
Passé ce temps de concertation, le Château d’eau, a alors pris l’allure d’un grand chantier où chacun et chacune a pu contribuer selon ses capacités aux réalisations proposées par les autres.
Les propositions mises au point dans le cadre de Œuvrir, ont la particularité de compter sur le public. C’est pourquoi la période d’ouverture sera ponctuée de manifestations - rendez-vous festifs, lectures, représentations, conférences.